Exposition

SPATIAL AFFINIT · IES

Caisa Sandgren
Balthazar Ausset

Curatée par Anna Donà 

Du 30 janvier au 27 février 2021

Affinité, attirance, analogie.

Le mot affinité – dans toutes ses nuances – évoque une relation naturelle ou convenable entre les êtres et les choses.

L’exposition Spatial affinit·ies vise à traverser les affinités propres à l’expérience humaine à l’égard de l’espace et des objets qui ponctuent nos existences. Il s’agit de relire nos rituels quotidiens, de flâner sur nos gestes et sur nos intentions, d’interpréter nos perceptions.

Caisa Sandgren et Balthazar Ausset, investissent la galerie marie-robin telle qu’une plateforme hybride.
Architectures, objets, contenants et contenus – grâce à leurs infinies relations – génèrent une scène d’intérieure mouvante au gré de facteurs objectifs (lumière, saisons, sons) et subjectifs (états d’âmes, gestes, souvenirs).

Chaque œuvre nous invite ainsi à déambuler librement et à nous interroger sur la nature même des impressions des espaces vécus. Quelles traces du réel s’inscrivent dans nos mémoires ? Quelles autres sont – au contraire – destinées à une rapide disparition ?
Ces questionnements nouent les propositions des artistes.

Caisa Sandgren franchit la limite entre l’être et la chose par la représentation de ses lieux personnels et de leurs objets chargés d’histoires, de présences ou d’absences. Pour le projet Spatial affinit·ies, l’artiste poursuit ses recherches en présentant une Constellation de sculptures linéaires en métal. La ligne dessine et transforme l’espace d’exposition en meta-espace à pénétrer. Seulement, en détournant nos perspectives, en diversifiant nos points de vue, la chose révèle toutes ses colorations intimes.

La constellation des traits stylisés est alors reconnue comme une constellation d’objets communs à toute habitation, plus précisément à tout salon : canapé, fauteuil, lampe, table basse. Ces sculptures interactives composent un tracé « virtuel », elles éclairent et éclaircissent notre perception vers un niveau de reconnaissance plus profonde, où le souvenir se fait actuel.1

Parcourant les affinités du salon imaginaire, les projections de Caisa Sandgren croisent l’Impression rétinienne de Balthazar Ausset.

Ausset explore et expose le monde environnant en tant qu’artiste et individu à travers la mise en abyme de ses propres codes. Face au concept Spatial affinit·ies, il réalise une nouvelle série de sculptures mouvantes en puisant son inspiration sur une matière ordinaire : l’emballage cartonné.

L’emballage trace les flux de consommation et fruition, en tant que vecteur d’articles hétérogènes. Cependant, avant toute révélation, l’objet renvoi encore à une dimension imaginaire, de ce fait il recèle son dedans. Balthazar Ausset utilise le carton-surface comme matrice dans la réalisation de ses formes en bois contreplaqué, tandis que le carton-volume est le point de départ des images photographiques imprimées sur chaque support. De l’objet à son apparition, l’artiste ouvre les emballages empilés dans le salon imaginé. Une profusion de figures et consistances défilera alors sous nos yeux, de l’organique au mécanique, du végétal à l’animal. Éléments enveloppants et à leur tour enveloppés.

Spatial affinit·ies dénoue la pluralité de rapports via lesquels la chose – sujet, objet, contenant – existe au-delà du sensible et de ses propres limites. Les œuvres de Caisa Sandgren et Balthazar Ausset se situent aux bords de ces limites. Elles cohabitent dans l’espace-galerie en donnant corps à d’autres tangibles.

Des propositions affines encore plus intéressantes lorsqu’elles déterminent d’autres superpositions, d’autres séparations jusqu’à révéler « l’infiniment plus que nous ne pouvons voir ». Il s’agit, comme Sartre l’a écrit dans l’Imaginaire, d’apprendre les objets en tant que synthèse de toutes ces apparitions, de les observer, de faire le tour, d’attendre, que le « sucre fonde ». 2

— Anna Donà

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1. H.Bergson, Histoire des théories de la mémoire, (1904), ed.Puf, 2018, p.115-120
2. J-P Sartre,
L’ imaginaire, (1940), ed.Gallimard, pp.23-24

 

Série Solkatt
Cosmo et table basse, acrylique sur papier noir, 63 x 48 cm, 2020

Série Solkatt
Scène d’intérieur, acrylique sur papier noir, 63 x 48 cm, 2020

Série Impression rétinienne
Impressions contrecollées sur bois contreplaqué, 63 x 48 cm, 2020

Série Impression rétinienne
Impressions contrecollées sur bois contreplaqué, dim.variables, 2020